Chan Chan se situe à seulement 12 km de Trujillo, capitale de la région Libertad sur la côte nord du Pérou. La cité a été construite à quelques kilomètres de la mer sur la route entre Trujillo et Huanchaco par la civilisation Chimu, une culture pré-inca très développée.
A l’époque, la superficie de la cité couvrait environ 24 km2 ce qui lui a valu le nom de la « plus grande cité au monde construite en adobe » (un mélange de paille, d’argile et d’eau séché au soleil). Depuis, la cité a souffert et souffre toujours de sa proximité avec la mer et le phénomène de El Niño qui l’endommage régulièrement. A ce jour, la superficie ne couvre plus que 14 km2 et une toute petite partie se visite. Ce site archéologique majeur en Amérique du Sud est tout simplement impressionnant et a été classé au patrimoine mondial de l’UNESCO en le 28 novembre 1986.
Une immense cité de sable
A première vue, il n’y a que le désert, des collines de sable et de roches. Il faut s’approcher pour distinguer les murailles de 12 m de haut qui encerclent les ruines de la cité de Chan Chan, dont le nom signifie Soleil Soleil.
La civilisation Chimu avait construit un système d’irrigation complexe basé sur un canal de 80 km de long qui apportait l’eau de la rivière Moche dans la région de Chan Chan.
Il ne reste aujourd’hui que 14 km² sur les 20 qui la composaient au XVe siècle. Malgré les outrages du temps, les archéologues ont pu sauver une grande partie du site grâce à une restauration minutieuse.
Une urbanisation calculée
La cité est construite selon un plan d’urbanisation précis. Il traduit la volonté de séparer les élites du peuple.
Il y a à Chan Chan 9 palais qui forment des unités indépendantes. Chacun était construit pour un seigneur. Quand il mourrait, on l’enterrait dans son palais et son successeur devait en construire un nouveau.
Les palais ont des structures identiques. Ils ont tous 3 places : une ouverte à tous, une pour les nobles et la dernière pour les cérémonies funéraires. A l’intérieur des palais se trouvent des temples, des entrepôts, des réservoirs et des habitations.
Le seul palais qui se visite aujourd’hui est le Palais Nik-An.
A l’extérieur de la ville, le bario se développe de façon désorganisée pour accueillir le reste de la population. Cependant, chaque famille y dispose d’une maison avec différents espaces pour les grains et les bêtes.
On pense qu’il y avait entre 30 000 et 100 000 habitants à Chan Chan, les archéologues ne sont pas d’accord.
Fonctions de Chan Chan
Chan Chan était avant tout la capitale politique et administrative du royaume Chimu entre 850 et 1534, l’arrivée des espagnols. Il se dit que c’est Francisco Pizarro lui-même qui a découvert la ville en adobe.
Les nombreux temples témoignent de ces fonctions. Malheureusement, ces édifices ont en grande partie disparu à cause des pillards et des intempéries. Il est également possible de voir au sein d’un des palais la tombe démesurée d’un haut dignitaire Chimu.
La ville avait également un rôle religieux. Les Chimu vénéraient de nombreuses divinités liées à la vie quotidienne. Contrairement aux Incas ou aux Mayas, ils ne vouaient pas de culte au soleil qui est bien trop dévastateur dans cette région. Ils lui préféraient la lune. Elle est visible de jour comme de nuit et c’est elle qui guide les marées et les floraisons des végétaux. Afin d’attirer ses faveurs, les Chimu lui offraient en sacrifice de jeunes enfants et des animaux ! L’océan est aussi une divinité importante : on lui adresse prières et offrandes pour que le poisson soit abondant. D’ailleurs, les murs sont souvent décorés avec des poissons, des pélicans et des vagues.
Chan Chan ou l’art Chimu
La civilisation Chimu a laissé un grand nombre d’objets en témoignage de son art. Bien que le travail de la terre soit primordial, le travail des métaux et de la céramique occupe aussi une grande partie du quotidien. Les nombreux objets retrouvés lors de fouilles nous livrent un magnifique témoignage de leur savoir-faire. Vases et objets de culte en métaux précieux sont les plus finement ciselés. Les Chimu sont également renommés pour leurs poteries en forme de créatures et d’animaux. Nombres d’entre elles sont conservées au musée du site qui mérite une visite !
Les thèmes de l’agriculture et de la pêche ont aussi largement inspiré les décorations de la cité. Des frises en bas-reliefs prennent des formes de poissons et de vagues ou de gibier. Les formes géométriques occupent elles aussi une grande place dans l’art Chimu. Le losange est leur forme de prédilection !
Les Incas à la conquête du nord
En 1470, l’empereur inca Tupac Yupanqui parvient à faire plier le royaume Chimu. Au XVe siècle, les Incas venus du sud du Pérou sont en pleine expansion. Ils traversent les hauts plateaux andins et poursuivent leur route vers le nord. C’est dans cette région que la civilisation Chimu s’est implantée vers l’an 900. La prise de Chan Chan est un détail dans la conquête Incas. Elle marque pourtant la fin de la civilisation Chimu.
Ce peuple de pêcheurs, en s’implantant dans une région aussi sèche, a vite dû s’adapter. C’est pourquoi ils ont développé un système d’irrigation extrêmement avancé, leur permettant de changer ce désert en une plaine fertile. Cette force a aussi été leur faiblesse ! Les Incas savaient qu’ils ne parviendraient pas entrer dans cette ville fortifiée et ont fait le choix d’en détruire le réseau d’irrigation. Les Chimu, privés d’eau, se sont rapidement rendu à l’assaillant.
Conseils lors de votre visite à Chan Chan
Aujourd’hui, lors de votre voyage au Pérou, visiter le complexe est impressionnant ! Nous vous recommandons de prendre un guide à l’entrée. Il va vous expliquer l’organisation de la cité avec ses quartiers royaux et les quartiers funèbres. Les halls utilisés pour les services religieux, mais également la cuisine avec ses garde-mangers énormes n’auront plus de secrets pour vous. Votre guide vous expliquera la fonction des différentes salles, la signification des frises décoratives et l’importance des différents accès.
Petite anecdote, chaque site archéologique de la région se doit de posséder son chien … péruvien ! Une race propre au pays et au physique assez atypique. Vous en croiserez donc également à l’entrée de nombreux sites comme la Huaca del Sol ou bien la Huaca del Brujo.
Comment y aller ?
- De Lima à Trujillo, il faut 50 min en avion ou 8 h en bus.
- De Chachapoyas, il faut 12 h en bus de nuit pour rejoindre Trujillo.
Une fois à Chan Chan, n’hésitez pas à vous rendre à Huanchaco qui se trouve à 20 min. Cette station balnéaire est l’endroit parfait pour se promener sur la plage, goûter un ceviche et regarder les pêcheurs dans les embarcations traditionnelles en roseau : les caballitos de tortora.